Alice rêve

Le voyage d'Alice au Pays des Merveilles, illustré par la calligraphie


Dans le puits      Sur la rive de la mare      Chez la Duchesse      Un thé extravagant      La partie de croquet

Souvenirs, souvenirs...      Le procès     La déposition d'Alice      La fin du rêve   


Par une belle après-midi du mois de juillet 1862 ... trois fillettes demandent à Charles Lutwidge Dodgson - alias Lewis Carroll - de leur raconter une histoire. Et c'est ainsi que commencent les aventures d'Alice au pays des merveilles.


Au milieu des délicieuses illustrations de Sir John Tenniel et des calligraphies que ma plume a tracées lorsque j'ai pris le rêve en marche, suivez Alice tout en cueillant des bribes de conversation qu'elle échange avec ses étranges compagnons, telles que les rapporte Lewis Carroll dans son livre "Alice au pays des merveilles". Car, comme le dit Alice :  "... à quoi peut bien servir un livre où il n'y a ni image ni conversations?"

Alice au Pays des Merveilles : puits, DinahDans le puits

Juillet ! Il fait si chaud ! Alice s'allonge près d'une haie. Elle se sent tout endormie ...

Bientôt le rêve l'entraîne à la suite de l'improbable Lapin Blanc aux yeux roses, pourvu d'une poche de gilet et d'une montre, et qui court pour tenter de rattraper - en vain - son retard.
Dévorée de curiosité, Alice s'enfonce à sa suite dans l'énorme terrier placé sous la haie, fait quelques pas et se met à tomber brusquement, lentement, interminablement dans un puits. Sa chatte Dinah est restée sagement à la maison.

Alice au Pays des Merveilles : latitude, longitude"Je me demande combien de kilomètres j'ai pu parcourir? dit-elle à haute voix. Je ne dois pas être loin du centre de la terre. Voyons : ça ferait une chute de six à sept kilomètres, du moins je le crois..."
" Oui, ça doit être la distance exacte... mais, par exemple, je me demande à quelle latitude et à quelle longitude je me trouve?"
" Plus bas, encore plus bas, toujours plus bas. Comme  il n'y avait rien d'autre à faire, Alice se remit à parler : je vais beaucoup manquer à Dinah ce soir, j'en ai bien peur !  (Dinah était la chatte d'Alice.)"
"Brusquement, elle atterit sur un tas de feuilles mortes, et sa chute prit fin."


Au bout d'un couloir, une petite porte haute de quarante centimètres , fermée à clé, bloque l'accès à un jardin - le plus adorable que l'on puisse imaginer. Que faire ?

Alice au Pays des Merveilles : flacon

Le contenu du flacon portant autour du goulot une étiquette de papier avec les mots "bois-moi" lui permet d'atteindre exactement la taille nécessaire pour franchir la porte.  Mais, à quoi bon avoir la bonne taille si l'on a oublié de prendre la clé qui ouvre la serrure ? À nouveau, que faire ?
À portée de main, il reste un tout petit gâteau portant les mots "mange-moi"

"Ma foi, je vais le manger, dit Alice, s'il me fait grandir, je pourrai atteindre la clé ; s'il me fait rapetisser, je pourrai me glisser sous la porte ...
Elle eut bientôt fini le gâteau jusqu'à la dernière miette."
"De plus en plus curieux ! s'écria Alice; voilà que je m'allonge comme la plus grande longue-vue qui ait jamais existé ! Adieu, mes pieds !"

Alice au Pays des Merveilles : tête du Dodo

Les larmes d'Alice finissent par former une grande mare, profonde de dix centimètres, fort encombrée par les oiseaux et les animaux qui y sont tombés dont un Dodo ... un tantinet  prétentieux.
Alice montre le chemin et toute la troupe gagne la terre à la nage ...

 Sur la rive de la mare


Étrange troupe, en vérité, que celle qui s'assembla sur la rive : oiseaux aux plumes mouillées, animaux dont la fourrure collait au corps, tous trempés comme des soupes, mal à l'aise, et de mauvaise humeur.


Le Dodo emploie un langage ampoulé qui exaspère l'Aiglon et fait ricaner les autres oiseaux.


souris Alice, peu attentive au discours interminable de la souris , met celle-ci en colère. Et, bien sûr, une mère Crabe saisit cette occasion pour faire la morale à sa fille :  

- Ah ! ma chérie ! Que ceci te serve de leçon et t'apprenne à ne jamais te mettre en colère !
  - Tais-toi, m'man ! répondit la petite d'un ton acariâtre. Ma parole, tu ferais perdre patience à une huître ! 

Bientôt, sous des prétextes divers, tous s'éloignent. Alice reste seule et commence à déprimer.  

lapinLe Lapin Blanc, toujours aussi agité, fait à nouveau irruption sur la scène de l'histoire, apparemment à la recherche des gants et de l'éventail qu'il a égarés ... au cours d'un précédent chapitre ! Il envoie Alice à leur recherche dans sa coquette maison toute proche.

Il m'a pris pour sa bonne, se disait-elle tout en courant. Ce que ça semble drôle de faire des commissions pour un lapin !

Dans une petite chambre merveilleusement rangée, Alice retrouve gants et éventail. Mais, ne pouvant résister à l'envie de Voir arriver quelque chose d'intéressantelle boit le contenu d'une bouteille posée près du miroir. 

Alice se met à grandir jusqu'à remplir toute la maison, un pied coincé dans la cheminée, un bras sortant par la fenêtre - normal quand on est mille fois plus gros que l'occupant habituel des lieux !

Pour l'obliger à sortir de la maison, le Lapin Blanc et son aide - Pierre le Lézard  bombardent Alice de petits cailloux.

Alice remarqua , non sans surprise, que les cailloux éparpillés sur le plancher se transformaient en petits gâteaux, et une idée lumineuse lui vint. Si j'en mange un, pensa-t-elle, il va sûrement me faire changer de taille. Là-dessus, elle avala un gâteau, et fut ravie de voir quelle commençait à diminuer immédiatement. Dès qu'elle fut assez petite pour pouvoir passer par la porte, elle sortit de la maison en courant.

Tout près d'elle se dressait un champignon à peu près de sa taille. Quand elle eut regardé sous le champignon, derrière le champignon, et des deux côtés du champignon, l'idée lui vint qu'elle pourrait également regarder ce qu'il y avait sur le dessus du champignon.... Son regard rencontra immédiatement celui d'une grosse chenille bleue, assise les bras croisés, fumant tranquillement un long narguilé...
Un côté te fera grandir - dit-elle -, l'autre côté te fera rapetisser.
Un côté de quoi ? L'autre côté de quoi ?  pensa Alice.
Du champignon, dit la Chenille, exactement comme si la fillette avait posé ses questions à haute voix.

  Grignotant tantôt un morceau du Champignon, tantôt l'autre, Alice  voit son cou s'allonger et se tordre tel un serpent qui effraie le pigeon. Parfois devenant plus grande, parfois plus petite, Alice finit par retrouver sa taille normale.

Chez la Duchesse


D'une petite maison blottie dans une clairière jaillit un bruit continu de hurlements, d'éternuements, de grognements et de vaisselle brisée.
Dans la grande cuisine pleine de poivre et de fumée, la Duchesse, assise sur un tabouret, tient dans son giron un bébé braillard. À ses côtés, le Chat sourit jusqu'aux oreilles.

" S'il vous plaît, madame, demanda Alice assez timidement, car elle n'était pas très sûre qu'il fût très poli de parler la première, pourriez-vous me dire pourquoi votre chat sourit comme ça ?
 - C'est un chat du comté de Chester, dit la Duchesse ; voilà pourquoi !  "

La Duchesse, qui doit se rendre à la partie de croquet de la Reine, jette l'enfant dans les bras d'Alice.

" ... le bébé poussa un nouveau grognement, si fort, cette fois, qu'Alice regarda son visage non sans inquiétude. Il n'y avait pas moyen de s'y tromper : c'était bel et bien un  cochon ... Elle déposa le petit animal sur le sol et fut soulagée de le voir s'enfoncer dans le bois d'un petit trot paisible. S'il avait grandi, se dit-elle, ç'aurait fait un enfant horriblement laid ; mais je trouve que ça fait un assez joli cochon."

    Pendant ce temps, le Chat-du-comté-de-Chester apparait, disparait, ré-apparait ... Alice s'énerve

" ... j'aimerais bien que vous n'apparaissiez pas et ne disparaissiez pas si brusquement : ça me fait tourner la tête.
 - C'est bon, dit le Chat."
Et, cette fois, il disparut très lentement, en commençant par le bout de la queue et en finissant par le sourire, qui resta un bon bout de temps quand tout le reste eut disparu.
Ma parole !  pensa Alice. J'ai souvent vu un chat sans un sourire, mais jamais un sourire sans un chat ! ... "

Munie de précieux renseignements donnés par le Chat au sujet des habitants du voisinage - tous fous d'après lui -, Alice se dirige vers la maison du Lièvre de Mars ...

Un thé extravagant


Arrivée en vue de la maison du Lièvre de Mars - cheminées en forme d'oreilles et toit couvert de fourrure -, Alice soliloque :

"Comme nous sommes en mai, peut-être qu'il ne sera pas fou furieux ; du moins peut-être qu'il sera moins fou qu'il ne l'était en mars."

Sous un arbre, devant la maison, se trouvait une table servie où le Lièvre de Mars et le Chapelier étaient en train de prendre le thé.

" Un Loir, qui dormait profondément, était assis entre eux, et les deux autres appuyaient leurs coudes sur lui comme sur un coussin en parlant par-dessus sa tête.
 - C'est bien incommode pour le Loir, pensa Alice ; mais, comme il dort, je suppose que ça lui est égal.
La table était très grande ; pourtant tous trois se serraient l'un contre l'autre à un même coin."


Bien que mal accueillie, Alice s'installe dans un grand fauteuil à un bout de la table. De chaise en chaise, de tasse sale en tasse propre, le trio tourne inlassablement autour de la table pour déguster un thé sans fin : le TEMPS s'est BLOQUÉ ! Les remarques philosophiques pleuvent :
" - C'est comme si tu disais, dit le Loir (qui, semblait-il, parlait tout en dormant), que "Je respire quand je dors" c'est la même chose que "Je dors quand je respire ! "
 - C'est bien la même chose pour toi, dit le Chapelier au Loir."

Après avoir subi ce genre d'inepties, nombre de critiques fort désagréables  et plusieurs devinettes dont la réponse est ignorée de tous, Alice, complètement dégoutée, se lève et s'éloigne définitivement.

 "- En tout cas, je ne reviendrai jamais par ici ! déclara Alice tout en cheminant dans le bois. C'est le thé le plus stupide auquel j'aie jamais assisté de ma vie !
  Comme elle disait ces mots, elle remarqua que l'un des arbres était muni d'une petite porte qui permettait d'y pénétrer. "Voilà qui est bien curieux ! pensa-t-elle. Mais tout est curieux aujourd'hui. Je crois que je ferais aussi bien d'entrer tout de suite." Et elle entra."

La partie de croquet


Alice est enfin arrivée dans le beau jardin  - entrevu quelques chapitres précédents - au milieu de parterres de fleurs aux couleurs vives et de fraîches fontaines.
Ce jardin magnifique, plein de rosiers à colorer, est celui du Royaume des cartes à jouer.   Mais il y règne la terreur !

La Reine de Cœur, souveraine irascible, braillarde et féroce, ne pense qu'à faire exécuter ses sujets. Coupez-leur la tête semble être sa phrase favorite.
Cette sentence claire et nette pose cependant un sérieux problème au bourreau : pour couper une tête, il faut un corps avec une tête ! Or, certains sujets de Sa Majesté n'ont pas de tête et certains invités - tel le Chat du Comté de Chester - se font un malin plaisir d'apparaître sans corps !

Plantant là le bourreau, la Reine accompagnée du Roi   et précédée par les courtisans survivants , par les enfants royaux ornés de coeurs de la tête aux pieds,  puis par ses invités dont le Lapin Blanc, crie d'une voix forte Prenez vos places !
La partie de croquet pouvait commencer.

"Alice n'avait jamais vu un terrain de croquet aussi bizarre : il était tout en creux et bosses.
Les boules étaient des hérissons
vivants ; les maillets, des flamants vivants.

 Et les soldats devaient se courber en deux, pieds et mains placés sur le sol pour former les arceaux.

Dès le début, Alice trouva que le plus difficile était de se servir de son flamant : elle arrivait sans trop de mal à le tenir à plein corps sous son bras, les pattes pendantes, mais, généralement, au moment précis où elle s'apprêtait à cogner sur le hérisson avec sa tête, le flamant ne manquait pas de se retourner et de la regarder bien en face d'un air si intrigué qu'elle ne pouvait s'empêcher de rire. D'autre part, quand elle lui avait fait baisser la tête, elle trouvait on ne peut plus exaspérant de s'apercevoir que le hérisson s'était déroulé et s'éloignait lentement... "

Comment diantre ce Chapitre 8 peut-il bien se terminer ?

Voyons alentour...
Il me semble que la partie de croquet se prolonge dans la plus grande confusion !
La Reine, quant-à elle, exaspérée par les facéties du Chat du Comté de Chester, ordonne qu'on aille quérir sa maîtresse - la Duchesse - au fond de la geôle royale où elle croupit pour crime de lèse-majesté...

Ouf ! nous pouvons passer au chapitre suivant !

Souvenirs, souvenirs...

La Duchesse, dont l'humeur semble anormalement charmante - sans doute parce qu'il n'y a pas de poivre dans l'air ambiant -, est ravie de retrouver Alice.
Elle lui assène histoire après histoire et "morale de l'histoire", dont le sens paraît assez obscur au premier abord. Jugez-en vous-même sur cet exemple :
" Occupez-vous du sens, et les mots s'occuperont d'eux-mêmes."

Alice est sauvée par le retour de la Reine, le visage aussi menaçant qu'un ciel d'orage, et qui impose à la Duchesse un choix bien cruel : disparaître ou avoir la tête coupée. La Duchesse choisit de disparaître...

La Reine confie alors Alice au Griffon qui dormait profondément, étendu en plein soleil, pour qu'il la conduise auprès de la Simili-Tortue.


note de l'éditeur : La Simili-Tortue est à la Tortue ce que la soupe à la tête de veau est à la coûteuse soupe à la tortue...


  Alice et le Griffon aperçoivent bientôt la Simili-Tortue assise, triste et solitaire sur une petite saillie rocheuse. Tous trois vont échanger d'étranges souvenirs ...
Ceux d'Alice sont d'autant plus curieux que les mots qu'elle prononce n'ont souvent rien à voir avec ce qu'elle veut dire !
La Simili-Tortue, au milieu d'interminables temps de silence, égrène quelques images de son passé, d'une voix caverneuse, avec force soupirs et sanglots ... Le griffon, quant à lui, quelque peu gouailleur, ponctue le discours de la Simili-Tortue de quelques "Grrrh !" et commentaires dans un langage peu châtié indigne de ses études classiques !

" - Grrrh ! Moi, à l'école dans la mer, j'étudiais les classiques avec un vieux professeur qu'était un vieux crabe." 

"Autrefois, j'étais une vraie Tortue !
Quand nous étions petits, le Griffon et moi, nous allions à l'école dans la mer. La maîtresse était une vieille Tortue de mer...
Nous l'appelions la Tortue Grecque, parce qu'elle savait le grec...
Je ne suivais que les cours ordinaires : Rire et Médire ; puis les différentes parties de l'Arithmétique : Ambition, Distraction, Laidification, et Dérision."

"- Grrrh ! ça suffit pour les cours, déclara le Grifffon d'une voix tranchante. Parle-lui un peu des jeux à présent.
La Simili-Tortue poussa un profond soupir et s'essuya les yeux d'un revers d'une de ses pattes.
- Tu n'as sans doute pas beaucoup vécu dans la mer ...
- Non, en effet, dit Alice ...
 
- ... de sorte que tu ne peux savoir combien le quadrille de homards est une chose charmante !

Il suffit de s'aligner sur deux rangs au bord de la mer, de danser pince-dessus, pince-dessous tout en chantant ... après avoir déblayé le terrain des méduses qui l'encombrent ! "   

  Tandis que la Simili-Tortue, à la demande du Griffon, chantait "La Soupe à la Tortue ", on entendit  dans le lointain une voix qui clamait " Le procès va s'ouvrir ! "

"Arrive ! hurla le Griffon à Alice.
Puis, prenant Alice par la main, il s'en alla en toute hâte ... tandis que la brise portait jusqu'à eux ces paroles mélancoliques qui résonnaient de plus en plus faiblement :  

Belle soupe, si riche et si verte, fumant dans la soupière ouverte ! Soupe du soir, ô belle soupe, Soupe du soir, ô belle soupe ! Bê-êlle soupe, bê-êlle sou-oupe ! Soupe du soi-oir ! "

  Le procès

"Lorsque Alice et le Griffon arrivèrent, le Roi et la Reine de Cœur étaient assis sur leur trône, au milieu d'une grande foule composée de toutes sortes de petits animaux et de petits oiseaux, ainsi que toutes les cartes du jeu. Devant eux se trouvait le Valet de Coeur, chargé de chaînes, gardé par deux soldats ; près du Roi, on voyait le Lapin Blanc qui tenait une trompette d'une main et un rouleau de parchemin de l'autre. Au centre exact de l'enceinte où siégeait le tribunal se trouvait une table couverte d'un grand plat de tartes : elles avaient l'air si bonnes qu'Alice eut très faim rien qu'à les regarder."


Le Roi, emperruqué sous sa couronne, fait office de Juge dans ce procès ...
Les douze jurés sont fort occupés à écrire leur nom sur des ardoises, de peur de l'oublier ! ça promet ! L'un d'eux - Pierre le Lézard - a un crayon qui grince, ce qui énerve Alice prodigieusement, une Alice qui est en train de grandir à nouveau !
Le Lapin Blanc, héraut de la Cour, sonne trois fois de la trompette, déroule un parchemin et lit l'acte d'accusation :

"La Reine de Coeur ayant fait des tartes
Par un beau jour d'été,
Le Valet de Coeur a volé ces tartes,
Et puis s'en est allé !

À la demande du Roi, le Lapin Blanc appelle à la barre le premier témoin.

"Le premier témoin était le Chapelier. Il entra, très inquiet, tenant d'une main une tasse de thé et de l'autre une tartine beurrée. Le Lièvre de Mars l'avait suivi dans la salle du Tribunal, bras dessus bras dessous avec le Loir.
 - Faites votre déposition, dit le Roi, et tâchez de vous calmer ; sans quoi, je vous fait exécuter sur le champ.
 - Je ne suis qu'un pauvre homme, Votre Majesté, débuta le Chapelier d'une voix tremblante, et je n'avais pas encore commencé à prendre le thé ... mais le Lièvre de Mars a dit que ...
 - C'est faux ! interrompit le Lièvre de Mars, très vivement.
 - Tu l'as dit ! riposta le Chapelier.
 - Je le nie ! protesta le Lièvre de Mars.
 - Soit. De toute façon, le Loir a dit ..., continua le Chapelier en jetant autour de lui un regard inquiet pour voir si le Loir allait nier, lui aussi.
Mais il ne nia rien, car il dormait profondément."

 - Appelez le témoin suivant ! ordonna le Roi.
Le témoin suivant était la cuisinière de la Duchesse.
 - Faites votre déposition, dit le Roi.
 - Je refuse, répliqua la cuisinière. "

Alice regardait le Lapin Blanc chercher nerveusement qui serait le témoin suivant, "car, jusqu'à présent, ils n'ont pas beaucoup de preuves" se disait-elle.
 Imaginez sa surprise, lorque le Lapin Blanc cria très fort, de sa petite voix aiguë : Alice !"


La déposition d'Alice

À la demande du Roi - le juge -,   le Héraut Lapin Blanc   vient d'appeler Alice à la barre des témoins.  "

 - Présente ! répondit Alice. 

Elle était si troublée qu'elle oublia combien elle avait grandi pendant les quelques dernières minutes, et elle se leva d'un bond, si brusquement qu'elle renversa le banc des jurés avec la bas de sa jupe.
Les jurés dégringolèrent sur la tête des assistants placés au-dessous, puis ils restèrent étalés les quatre fers en l'air ... Elle se mit à relever les jurés aussi vite que possible ...
Dans sa précipitation,elle avait remis le Lézard la tête en bas, si bien que la pauvre bête, incapable de se tirer d'affaire toute seule, agitait mélancoliquement sa queue dans tous les sens ...

- Que savez-vous de cette affaire ? demanda le Roi à Alice.
- Rien.
- Absolument rien ?
- Absolument rien.
- Voilà une chose d'importance, déclara le Roi en se tournant vers les jurés."

" - C'est la preuve la plus importante que nous ayons eue jusqu'ici, dit le Roi, en se frottant les mains. En conséquence, que le jury ...
 - S'il y a un seul juré capable d'expliquer ces vers, déclara Alice (elle avait tellement grandi au cours des quelques dernières minutes qu'elle n'avait pas du tout peur d'interrompre le Roi), je lui donnerai une pièce de dix sous. À mon avis, ils n'ont absolument aucun sens.
 - S'ils n'ont aucun sens, dit le Roi, cela nous évite beaucoup de mal, car nous n'avons pas besoin d'en chercher un ...
Et pourtant ..."Je lui en ai donné une, ils lui en ont donné deux" ...

Mais voyons, c'est clair : c'est ce qu'il a du faire des tartes !

 - Regardez donc la suite : " Et lui vous les a bien rendues", dit Alice.
 - Bien sûr, les voici ! s'écria le Roi d'une voix triomphante, en montrant du doigt les tartes qui se trouvaient sur la table.
Cela me paraît clair comme le jour.
...
 - Que les jurés délibèrent pour rendre leur verdict, ordonna le Roi.

- Non, non ! dit la Reine. La sentence d'abord, la délibération ensuite.
 - C'est stupide ! protesta Alice d'une voix forte. En voilà une idée !
 - Taisez-vous ! Qu'on lui coupe la tête! hurla la Reine de toutes ses forces.

Personne ne bougea.

 - Qui fait attention à vous ? demanda Alice (qui avait maintenant retrouvé sa taille normale).
Vous n'êtes qu'un jeu de cartes !
À ces mots, toutes les cartes montèrent dans l'air et lui retombèrent dessus." 

La fin du rêve

Alice poussa un petit cri de colère et de frayeur, essaya de repousser les cartes avec ses mains, et se retrouva couchée sur le talus, la tête sur les genoux de sa soeur qui enlevait doucement de son visage quelques feuilles mortes tombées des arbres.
 - Alice, ma chérie, réveille-toi ! lui dit sa soeur. Comme tu as dormi longtemps !
 - Oh, quel rêve bizarre je viens de faire ! s'exclama Alice.


Mais ils sont tous encore ici, les personnages du rêve, et pour toujours gravés dans la mémoire d'Alice et dans la nôtre, sous l'oeil narquois du Dodo et du Chat du Comté de Chester au Sourire narquois ...